Aug 14, 2011

Kirghistan, premiere !

Comme a chaque voyage, on s'est mis en condition pour supporter les heures d'attente qui s'annoncent : entre l'attente a l'aeroport, le trajet en avion, l'escale, les demarches pour obtenir un visa, le trajet a l'hotel et tout le reste, nous connaissons la chanson ! Difficile de sortir d'un coup du rythme rapide de notre vie quotidienne pour se plonger dans ces moments ou rien ne se passe. C'est donc en quelque sorte "resignes" que nous demarrons ce samedi matin : la meilleure facon de supporter le temps du trajet est de se mettre en mode "off". Quoi qu'il arrive, on reste zen, comme si tout d'un coup, le temps recouvrait une autre valeur, une autre dimension.
Nous avons un mois devant nous, c'est tout ce que nous avons en tete.
Ainsi, malgre les commodites vetustes de l'avion compare a celles d'Ethiad ou de Jet Airways, auxquelles on s'est quelque peu hqbitues lors de nos voyages dans l'himalaya, le temps du voyage passe relativement vite. C'est le regard un peu vide et le cerveau deconnecte que nous lorgnons de temps a autres sur le film demode et loufoque que Turkish Airlines passe sur un petit ecran tout aussi demode au-dessus de nos tetes.
De ce trajet nous restera juste la surprise de decouvrir l'ampleur de la ville d'Istanbul lors du decollage apres l'escale, et les discussions entre francais en attendant que les kirghizes daignent nous donner un visa. Une chose est sure : ils ne sont pas stresses ! Une autre chose est sure : ce pays n'est pas tres touristique. Les seuls "touristes" sont des baroudeurs qui ont deja visite la region a plusieurs reprises et evidemment... un groupe de type Allibert mais version allemande.
Arrivee a l'hotel a 4h du matin. Malgre la ,sommeil est difficile a trouver.

Sep 27, 2010

Nepal 2010 - Live

20 octobre 2010 - KTM

Ca y est, on l'a achetee notre statuette en bois ! Il s'agit d'une piece d'art primitif qui date de plus de 100 ans. Elle est superbe ! Va falloir transporter cela delicatement pour ne pas l'abimer...

Je crois qu'en deux jours, on a rencontre chez Hari tous les collectionneurs et ethnologues francais les plus connus ! Grand bien nous fasse : de cette facon, on a l'assurance que notre achat est reellement une "vraie antiquite". Le sport au Nepal est en effet de faire des "fake", c'est-a-dire des "faux vieux" objets d'art primitif.

Non seulement il faut pouvoir distinguer les objets recents des anciens, mais en plus, il faut distinguer les "faux vieux" et les "vrais vieux"... Apparemment, c'est quelque chose qui n'existe pas par rapport aux objets chinois, par exemple.

Nous avons eu ces explications via les "collectionneurs" que nous avons rencontres (francais, australiens,...). Ils se font tous du fric avec tous ces objets : ils achetent la moitie du magasin chez Hari et revendent leurs objets via internet aux occidentaux. En sachant que la moitie sont de simples breloques tres recentes. Il semblerait que meme certaines galeries europeennes vendent certains masques recents au prix des antiquites.

Les objets les plus courus sont les masques, apparemment. Mais il devient difficile d'en obtenir des anciens. Quand c'est le cas, Hari les vend 1000/1500 euros au Nepal... mais au moins 6000/10000 euros sur le marche francais.

Il nous a montre sa "caverne d'Ali Baba" hier soir, son petit "lieu secret ou il conserve tous ses meilleurs objets"... Waw !

Il a commence par nous montrer ce qu'il avait de mieux, nous indiquant ce qui etait reellement antique et ce qui ne l'etait pas. Mais en l'absence des "specialistes", restait-il honnete avec nous ?! Il semble que oui puisque nous croisons a nouveau dans ce lieu une tete connue, qui nous donne les memes indications que celles d'Hari : ces "puppets"-ci sont moins bien, celles-ci sont fausses, ces dernieres - que l'on a dans les mains - sont de vraies antiquites...

Apres etre restes un certain temps dans cet endroit magique, nous repartons au magasin d'Hari, ou nous compulsons des catalogues autour d'un the. Un "galieriste" australien, interesse par certains objets, se joint a nous. Chacun explique ses "secrets" pour reperer les beaux et vieux objets. Chacun nous parle de son experience, de ses achats, de ses voyages.

Nous sommes parmi trois connaisseurs et c'est bien plaisant. Ils ont participe a la realisation de certains livres qui nous passent entre les mains... Nous etudierons tout cela a la maison, mais pour l'heure, nous sommes invites a manger dans un restaurant tibetain que nous ne connaissions pas encore : un pur delice !

19 octobre 2010 - KTM

Bizarrement, on ne fait pratiquement rien ici a Kathmandou... et je suis crevee ! Je dors debout ! Pas tres pratique pour "faire du shopping"... !

Aujourd'hui, nous avons en effet decide d'essayer de nous trouver une belle "petite statue" pour notre futur loft. Pas evident de faire la difference entre les "vraies" et les "fausses"... Impossible meme, quand on n'y connait rien.

Sauf que... nous avons beaucoup de chance aujourd'hui : on a rencontre un collectionneur francais dans un des petits shops ou l'on est rentres ! Il nous a montre les livres qu'il ecrit, les photos de sa collection personnelle, etc. Puis, il nous a conseille sur les achats possibles. L'ayant ensuite rencontre dans un second shop, v'la qu'il nous a presente au plus grand vendeur de Kathmandou... un gars qui se paie regulierement des voyages en France moyennant la vente de 3-4 masques antiques...

Bref... on a appris ce qu'etaient les Ghuttras... on sait maintenant que c'est une des antiquites les plus accessibles (les statuettes c'est plus complique de differencier les vraies des fausses, et les vraies ne courent plus les rues). On s'est achete quelques Ghuttras 10 euros pieces (parait-il que ca se vend 200 euros piece dans les galeries europeennes) et on s'est offert une "vraie petite" statuette a 100 euros (valeur Europe 3000 euros, parait-il).

Bon, comme on ne compte pas revendre tout ca, on se fout un peu de la valeur marchande en Europe, ceci dit...

Nous sommes invites a visiter le hangar du gars dans deux heures : il veut nous montrer son stock de statuettes en bois. Hari, qu'il s'appelle...

Sinon, le "collectionneur" nous a parle de sa passion pour le Nepal, de ses nombreux voyages... C'est instructif et ... effrayant ! Sur le trek du Mera Peak, il nous expliquait que lorsque les trekkeurs ne sont pas un peu au fait des precautions a prendre, les agences leur font faire n'importe quoi (c'est ce qu'on a remarque aupres des personnes rencontrees en cours de trek), a savoir qu'ils se fichent du probleme d'acclimatation a l'altitude... Au mieux, les trois quarts des gens arretent en milieu de trek. Au pire, l'agence empaquette les cadavres et les fait evacuer !!!

ll faut dire que les gens que l'on croise sont en general vraiment peu conscients du danger. Et beaucoup sont des especes de "peace and love" completement allumes... Hari nous disait que recemment encore, deux jeunes anglais sont morts a Pokara parce qu'ils avaient tellement fume qu'ils se sont jetes dans le lac. Un autre a cru au'il sortait par la porte... et a saute par la fenetre... Waw... ! Entre les hippies a l'ouest , les trekkeurs inconscients et les troupeaux d'occidentaux mal eleves, le Nepal a de l'avenir devant lui !

18 octobre 2010 - Back in KTM

Pas faches d'avoir eu notre avion ! Les vols etaient en effet annules depuis plusieurs jours vu le superbe temps qu'on a depuis notre depart.

Il a fallu se facher, comme d'hab... pour faire valoir notre billet d'avion : sinon, vous etes relegues en fin de liste et vous pouvez vous brosser pour decoller le jour dit !

Heureusement, le temps n'etait pas aussi pourri qu'a l'aller ! Le vol a ete un peu moins sportif. Ceci dit, c'est promis, c'est la derniere fois qu'on le prend !

Sinon, le trek s'est bien passe. L'agence etait bof (euh... ca a occasionne quelques moments plus que folkloriques genre : deux porteurs en moins parce qu'ils se sont tape dessus a force de trop boire sur le chemin... genre : mouvement de greve parce qu'un porteur estimait qu'il n'etait pas assez paye, etc.)

A part ca, on a grimpe l'Island Peak (6189m) et l'Amphu Lapsa (5840m) mais on a fait demi-tour a 6200m au Mera Peak pour cause de pieds geles. Stade 1 de la gelure, mais quand-meme... si on n'avait pas fait demi-tour, on aurait peut-etre eu les pieds dans le meme etat que le nez de la dame qu'on vient de croiser a l'aeroport : tout noir ! Stade 2 de la gelure... susceptible d'amputation (t'as l'air con apres, sans nez...!) Bref, meme pas decus : on est contents d'avoir ete raisonnables. Nos pieds restent douloureux, mais il parait qu'il faut 10 jours pour resorber les gelures.

Paysages sublimes dans un froid de canard. Il faut dire qu'on a dormi haut cette annee : 5800m, 5600m, etc. Plusieurs jours a plus de 5000m.

Retour par la vallee de l'Everest toujours aussi infame a cause du nombre de groupes... La nouveaute, c'est qu'ils sont prioritaires a l'aeroport !!! Les nepalais sont en train de se tirer une balle dans le pied avec ce mode de fonctionnement : plus aucun amoureux de la montagne ne viendra trekker dans le coin, a force ! Tant pis pour eux, ils se contenteront des colonies de vacances pour vieux. C'est pas passionnant mais ca paie bien. Si ca vous tente, n'oubliez pas l'ustencile indispensable : le drapeau de votre pays, a mettre en evidence de preference !!! Hallucinant...

On n'a pas perdu notre esprit critique dans les hauteurs lol... et la, on attend impatiemment de prendre une douche !

02 octobre 2010 - Khurke to Thuli Kharka

Il a plu toute la nuit et ca s'annonce "cloudy"... clouds qui ne tarderont pas a nous gacher la superbe vue annoncee ! Nous grimpons en effet au sommet d'un col par des chemins escarpes qui laissent presager d'une belle vue sur les montagnes... vue a plus de 180 degres ! Pour l'heure, nous avons une vue a 180 degres sur les nuages qui mouillent nos bonnets en poil de yak.

Campement a Thuli Kharka... sous tente alors qu'il y a des possibilites de lodges... Je hais les treks "en autonomie complete" ! ;-) On est repartis pour un tour avec notre materiel detrempe. Pourvu qu'on ne s'attrape pas la creve !

Nous avons finalement capitule en fin de soiree... la pluie aidant, nos corps congeles se sont resignes a se payer une chambre dans le lodge d'a cote. Cela nous permettra au moins de ne pas nous reveiller dans des sacs de couchage trempes ! Les chaussettes pourront peut-etre secher egalement un peu, meme si les "chambres" ne sont evidemment pas chauffees...

Nous demenageons donc nos affaires de la tente. C'est a ce moment que je suis prise de spasmes intestinaux qui ne souffrent aucun doute : il faut que je courre aux chiottes immediatement ! Les chiottes en question consistent en quelques planches glissantes avec un trou au milieu. Les excrements tombent 5 metres plus bas et la decouverte des lieux engendre une reflexion immediate : surtout ne pas tomber !!!

L'image de la chute me vient, d'autant plus immonde que l'odeur ambiante aide a s'imaginer le tableau.

Pour l'heure, les spasmes ont cesse et nous finissons de nous installer dans la toute petite piece que nous avons louee 1000 roupies. Une fois deshabillee et emmitouflee dans mon sac de couchage, voila que les spasmes reprennent ! Ca y est, ca commence... je dois enfiler mes vetements dans le froid, descendre en faisant plein de bruit avec mes grosses chaussures, et me rendre "aux toilettes" la-bas au bout, apres avoir desescalade sous la pluie les pierres glissantes qui font office "d'escalier". Ici, c'est dangereux de se rendre aux chiottes !

Le cirque se repetera plusieurs fois durant la nuit... n'ameliorant pas l'endormissement deja difficile a trouver habituellement...

01 octobre 2010 - Kari La to Khurke

Il a plu cette nuit... et il a plu dans la tente... Mais j'ai dormi comme un loir (dixit Guillaume) et je n'ai meme pas senti les gouttes me tomber sur les cheveux.

L'endormissement a pourtant ete difficile, comme toujours. Jusqu'a maintenant, nous avons du prendre des somniferes tous les soirs !

Nous nous appretons a vivre une journee sous la pluie, le moral un peu affecte : non seulement le froid humide nous transperce, mais en plus le paysage est completement bouche !

Nous sommes par contre contents de la nouvelle, venue des gens du coin : il nous est possible de rejoindre directement Khurke, a savoir de rattraper notre retard ! Le "shortcut" est explique au guide et nous voila lances sur un chemin etroit, que le guide nous designe comme etant "le chemin des yaks". L'humidite et la vegetation abondante constituent ce qu'il appelle "la jungle".

Nous apprendrons a nos depends que dans la jungle... il y a des sangsues !!! Quelle horreur ! Sensibles aux vibrations, elles se laissent tomber des arbres au passage des trekkeurs, s'infiltrent facilement sous les vetements, mordent leur proie en injectant un anesthesiant qui ne permet pas de les reperer de suite... et se gonflent de leur sang.

Leur aspect gluant et rampant ne me rejouit guere, meme si je ne peux pas y faire grand-chose... si ce n'est pousser un grand cri horrifie a chaque fois que j'en decouvre une sous mon pantalon.

Nous nous arretons de marcher au bout de 2h d'une montee penible : de hautes "marches" s'imposent a nous dans un chemin etroit. Et si la pluie a cesse, nous subissons l'humidite du brouillard et le froid du vent de cote.

Au terme de ces 2h, l'equipe a decide de faire a manger. Sauf que nous n'avons pas faim et que nous prefererions continuer a marcher... Ce n'est pas negociable : il faut nourrir les porteurs.

Une cueillette aux champignons commence, ainsi qu'une chasse au tresor : il faut trouver de l'eau pour faire cuire tout ca !

Ce n'est que 2h plus tard que nous repartirons, avec l'idee que nous sommes a mi-chemin et que les denivelees vont cesser d'augmenter.

Ce n'etait qu'une idee, manifestement... puisque 3h plus tard, nous sommes toujours en train de gravir ces marches abominables dans le brouillard le plus epais. C'est dur, ca glisse, ca n'en finit pas... et nous ne pouvons pas croire que c'est notre rythme lent qui justifie ces heures supplementaires !

Au moment ou nous sommes persuades que nous avons du nous tromper de chemin, nous decouvrons finalement le camp... apres 6h de difficile marche.

Guillaume et moi sommes a peu pres surs que nous ne sommes pas a l'endroit prevu : nous avons grimpe bien plus de denivelees qu'annonce !

Transperces par l'humidite et entames par notre marche interminable, nous procedons a un brin de toilette rapide avant de plonger sous nos duvets.

Guillaume dort de facon tres intermittente cette nuit. Moi aussi, mais je me reveille un peu moins fatiguee que lui.

J'ai la bonne surprise de decouvrir que mon duvet est trempe ce matin : si je suis bien au chaud a l'interieur, l'exterieur degouline. The Top ! Quand on pense qu'on n'en est qu'a 4 jours de trek ! Nos chaussettes, nos matelas, nos duvets sont trempes... le froid a tendance a en etre decuple...

30 septembre 2010 - Situk to Kari La

Arretes hier bien avant Chutok, nous n'irons aujourd'hui que jusque Kari La, lieu de campement sommaire ou nous sommes senses avoir une belle vue. C'est sans compter sur le brouillard epais qui bouche aujourd'hui tout horizon. Le chemin humide est glissant et tres pentu. A la montee, outre l'essoufflement, "ca se fait"... mais a la descente, nous avons presque peur pour tous les porteurs que nous croisons : leurs tongues et l'ampleur de leur chargement leur rend la tache encore plus difficile.

Une fois arrives a Kari La, nous attendons 1h dans le froid nos sacs et notre tente... les porteurs montent doucement dans ces pentes escarpees et cette chaleur humide. Le soir, nous sommes heureux de nous "laver" avec un bol d'eau chaude, la sueur de la journee n'etant pas tres confortable sous la tente...

29 septembre 2010 - Kathmandou to Situk via Lukla

Depart de l'hotel vers 6h45, apres deux toasts avales en vitesse. Le guide et son equipe nous conduisent a l'aeroport, ou nous nous rendons non sans une petite apprehension : le vol ne va-t-il pas etre annule ? L'avion ne va-t-il pas s'ecraser ? Etant donne les problemes climatiques frequents dans la region de Lukla, nous savons qu'il est tres probable que nous ne partions pas au moment prevu. De meme, ayant eu echo du crash de ce meme avion il y a un mois, nous pouvons difficilement nous retirer cette possibilite de la tete. L'arrivee a l'aeroport est pareille a l'habitude : c'est le foutoir. Il n'y a pas de files d'attentes et les gens se deplacent en troupeau, poussant du coude, et trebuchant a l'occasion sur les amas de bagages deposes a travers tout.

Les vols ont ete annules la veille, ce qui ajoute aux pourparlers du jour... d'autant plus que, comme nous le craignions, il fait un temps pourri a Lukla. Pour l'heure, les avions ne decollent pas. Nous sommes condamnes a attendre, assis sur nos bagages, sans trop savoir si nous allons pouvoir partir.

C'est finalement apres 5h d'attente que nous obtenons notre boarding pass : a priori, on va pouvoir decoller !

Dans la salle d'embarquement, nous observons nos futurs "compagnons" d'avion... Un petit garcon s'est deculotte et fait pipi la... aux pieds de sa mere, par terre...

Dans les occidentaux presents, plus personne n'a l'air de s'impatienter desormais : au Nepal, on finit par apprendre a ses depends que l'impatience est de l'energie galvaudee. Mieux vaut capituler d'emblee et suivre le cours des choses.

C'est ce que je suis en train de faire, a moitie endormie sur mon sac a dos, lorsque retentit une annonce peu claire. Le guide nous informe que nous allons pouvoir embarquer. C'est un bus qui nous conduit jusqu'a l'avion, bus ou je devisage malgre moi chaque passager, me demandant si je ne vais pas partager avec eux la meme rubrique "faits divers"... Les conditions climatiques aidant, le crash recent du "petit avion de Lukla" est dans toutes les tetes... enfin presque ! Un petit groupe de trois americaines est en effet hilare face aux conditions de voyage. Elles trouvent le bus pittoresque et commentent l'aspect minuscule de l'avion qu'elles apercoivent par la fenetre. S'empressant de le prendre en photo, elles rient de plus belle, trouvant l'aventure "funny".

Une fois a l'interieur de l'avion, l'aventure a l'air moins funny : les photos etant faites, l'avion ayant decolle... ce n'est pas le bruit magistral que produit l'avion qui couvre les conversations ! Plus personne ne bronche, moi la premiere. Une fois entres dans les nuages et essuyant nos premiers trous d'air (et donc secousses), je me surprends a me demander ce que j'aimerais particulierement faire si je m'en sors vivante.

L'avion qui s'est crashe il y a un mois n'a pas survecu au mauvais temps. Et l'avion qui s'est crashe il y a deux ans egalement : un nuage a subitement masque la vue du pilote a l'atterrissage... et celui -ci a tape dans la falaise... Les nombreux commentaires a ce propos me reviennent alors que notre avion continue de flotter dans la puree de pois.

Je pense a la vetuste des bus que l'on a deja eu l'occasion de prendre durant nos nombreux voyages... et "j'extrapole " a l'avion : s'agit-il egalement d'une "seconde main" ? Voire d'une "dixieme main" ? Vu l'etat des sieges qui ont l'air d'etre de la recup... STOP ! Je prefere fermer les yeux et tenter de penser a autre chose, si tant est que ce soit possible : les importantes secousses me rappellent de facon incessante la vulnerabilite de l'avion.

Soudain, un drole de bruit... j'ouvre un oeil et demande a Guillaume si c'est normal. Je me rends compte que lui qui est habituellement insouciant dans ce genre de situation n'a vraiment pas l'air tranquille non plus... Ceci dit, le bruit en question etant celui du train d'atterrissage, cela veut dire que l'on va bientot atterrir ! C'est avec soulagement que l'on se rend compte que la piste est relativement degagee.

C'est donc en jurant que l'on ne nous y reprendra plus que l'on recupere les bagages.

Une fois cette premiere epopee derriere nous, nous mangeons un spaghetti a la va-vite, histoire de ne pas perdre trop de temps : nous avons quelques heures dans la vue et si nous voulons boucler l'etape, il faut avancer !

C'etait sans compter sur un "mouvement de greve" soudain de la part d'un des porteurs : il estime ne pas etre paye suffisamment et refuse de porter le sac qui lui est attitre. Ce n'est qu'au bout de quelques temps de negociation que le guide daignera nous expliquer pourquoi 2h apres avoir atterri, nous sommes toujours la comme deux poireaux, a tenter de comprendre ce qu'il se passe...

Il se rend finalement avec le greviste jusqu'a un telephone pour joindre l'agence. Nous ne savons pas ce qu'il s'est dit, mais le greviste revient finalement sans mot dire et arnache son paquettage...

Nous pouvons partir ! Il est 15h30 !

Nous ne pourrons pas aller tres loin aujourd'hui, le soleil tombant relativement tot au Nepal. Les aleas climatiques et humains nous ont fait perdre un jour sur notre planning, ce qui risque d'etre fort dommageable pour notre acclimatation. Au-dela des capacites d'endurance que nous pouvons avoir, et donc au-dela de la possibilite de rallonger les etapes, nous ne pouvons pas les rallonger sans tenir compte de l'altitude. De meme, les possibilites de campement rentrent egalement en ligne de compte, ainsi que la possibilite pour les porteurs - qui sont bien charges - de boucler la journee.

C'est a ces differents parametres que nous serons confrontes ce soir alors que nous tenterons de trouver la "moins mauvaise solution" pour poursuivre.

Nous optons finalement a contre-coeur pour le sacrifice de notre jour d'acclimatation a Tagnang. Demain, nous nous rendrons sur un campement intermediaire : Kari La. Nous rattraperons Pagongma le jour suivant... un jour plus tard que prevu.

Entre-temps, nous avons fait la connaissance d'un groupe de deux quebecois. Ils nous interpellent sur la situation de la Belgique, qui est finalement un peu similaire a celle du Quebec si ce n'est que la scission du Canada est moins imminente.

Nos deux canadiens sont en voyage pour 6 mois ! Ils beneficient d'un programme destine aux fonctionnaires, leur permettant de percevoir 75% de leur salaire pendant 18 mois et de continuer a le percevoir sans travailler, toujours a hauteur de 75%, pendant les 6 mois qui suivent.

Qu'ils soient absents de leur boulot pendant 6 mois ne semble pas poser de probleme...

Le guide interrompt la discussion pour nous montrer notre palace : on a beau etre dans un lodge, il a monte la tente ! Bon... ben ca, c'est fait ! Moi qui pensait dormir dans un "lit"cette nuit... ce ne sera pas avant une vingtaine de jours !

Nous dormons assez peu cette nuit... decalage horaire ou inconfort ? Nous n'en connaissons pas la raison. Toujours est-il que la nuit est bien trop courte.

28 septembre 2010 - Kathmandou

Deuxieme et dernier jour a Kathmandou… avant le trek. On relit le programme, on fait les derniers achats, les derniers reglages (le guide va venir verifier notre equipement en soiree), et on procede a la derniere douche avant tres longtemps ! Mon dieu quelle horreur ! Au regard de la carte, on risque de ne pouvoir se laver qu’en fin de trek… c’est-a-dire dans 15 jours ! Argh…

Au programme d’aujourd’hui ? Durbar square et ses saddhu et quelques photos du ‘way of life’ au Nepal… Ca donne quelques photos de gens endormis au pied d’un temple, quelques autres de commercants en attente de clients ou de porteurs legerement encombres. Pour le reste, il faut venir voir soi-meme : les odeurs, les bruits de klaxons, la poussiere, les chants guturaux bouddhistes, les tentatives intempestives pour que l’on achete quelque chose… n’importe quoi mais quelque chose ! Entre les flutes, les jeux d’echec, les pots de baume du tigre, les bracelets magiques (?), les singing bowls, les mini violons en bois, ou meme des treks qu’on tente de vous inciter a faire… un tas de raisons de se faire accoster ! Mais ils m’ont déjà bien regardee ? Est-ce que j’ai une tete a faire du trekking ? lol Quel manque de sens de l’observation !

Ce soir, nous mangerons a l’hotel histoire d’aller dormir tot : demain, on prend l’avion a l’aube !

27 septembre 2010 - Kathmandou

Nous sommes arrives ce jour a 8h00 du matin heure locale... Autant dire que nous sommes vannes ! Notre petite sieste a l'arrivee s'est transformee en 2h30 de sommeil lourd... dur dur de se lever apres ca !

Petit tour dans Kathmandou a moitie sonnes... tour des petits coins connus, avec le meme plaisir de retrouver des tetes connues. Les dames de l'hotel, Ranu,... tous fiers de nous reconnaitre, nous font un accueil plus que chaleureux !

Il fait chaud a KTM ! La mousson a un peu tarde... on suffoque dans les rues pourssiereuses...
Il n'y a pas encore grand touriste a l'horizon, nous decouvrons KTM comme nous ne l'avions jamais vu : calme !
T
out est retatif, bien evidemment... : nous avons tout de meme eu droit aux commercants collants et aux taxis insistants... normal : c'est le sport national ici !

Ce soir, on mange avec notre guide et le mec de l'agence de trek. Dal Bhat au menu... va falloir s'y habituer !

Apres une longue promenade en taxi dans les embouteillages de la soiree, nous voila au restaurant avec notre guide et un type de l’agence. Ce dernier parle un francais incroyable, qu’il justifie par un travail de quelques annees chez Terdav’.

Notre guide, par contre, parle assez mal anglais, ce qu’il reconnait, expliquant qu’il doit continuer a etudier s’il veut “avoir une belle vie”. Il a compris que pour le nepalais, son salut passe par l’anglais, a savoir par le touriste…

Ranu, le “petit monsieur” du cyber café, nous a tenu le meme discours cet après-midi, après avoir battu Guillaume aux echecs : au Nepal, il faut un peu calculer son coup pour bien vivre,,, Il compte d'ailleurs revendre son cyber café l’annee prochaine car il anticipe la baisse du marche dans son secteur. Les touristes, dit-ils, viennent maintenant pour la plupart avec leur propre pc, et s’installent a la terrasse des restaurants qui possedent un reseau wi-fi. A terme, c’est la mort assuree pour les cyber cafes... Ranu aimerait arreter son business et emigrer au Canada… Il tentera de s’y rendre par le biais des etudes que sa femme a entamees… Peut-etre obtiendra-t-elle une bourse pour etudier ? Et peut-etre pourra-t-il tenter de l’accompagner avec un statut d’independant ? C’est son pari, en tout cas… Son pari pour sauver sa vie.

A l’heure actuelle, il dit travailler du matin au soir pour pouvoir se payer le dal-bhat quotidien, mais cela ne suffit pas a faire des economies, a pouvoir esperer mieux vivre un jour. A notre facon, quand on se rend chez Ranu, on sait que l’on contribue a ce qu’il puisse mettre de cote un peu d’argent pour son futur billet d’avion… I

Ce “plan de survie” qu’il essaie d’echaffauder pour lui et pour sa famille, ca risque d’etre difficile et de lui prendre du temps… mais c’est un malin, Ranu… il y arrivera !

Nous sommes donc attables dans un restaurant choisi par nos hotes… Nous decouvrons avec horreur que nous ne sommes que 6 dans tout le restaurant et … que celui-ci dispose d’une scene… ! Une scene ou defileront des filles et des garcons pour nous danser les danses traditionnelles a chaque ethnie. Gurung, Tamang, Sherpa… tout le monde y passe ! La plus drole est la “danse peacock” (?) : un faux paon a tete extensible se tremousse et lance son bec sur nous a l’occasion… C’est… particulier ! Mais un peu hilarant, je dois dire… !

Nous adorons ces attractions pour touristes ! Ceci dit, cela nous aura permis de mieux cerner les differences entre les danses Gurung et Tamang… et d’apprendre qu’il y a cinquante ans, les nepalais avaient encore des guerisseurs… symbolises dans les danses par un accoutrement qui releve plus de l’appache que du nepalais… et que les petites ecuelles en terre cuite vendues par centaines dans les rues sont faites pour boire de l’eau de vie en cours de repas… eau de vie qui decape !

Notre premier dal-bhat ingurgite, nous rentrons a l’hotel, ou nous nous effondrons sur le lit pour une nuit… bien trop courte !

26 septembre – Paris – Kathmandou

Une fois de plus, c’est vers Kathmandou que nous nous dirigeons pour nos vacances annuelles.

Un mois. Un mois pour deambuler sur les chemins du Nepal, pour gouter a nouveau au plaisir que nous offrent ces contrees lointaines, hors temps, hors civilisation…

C’est dans les moments de transit que nous nous rappelons le plus souvent cette reponse de Jean-Claude, rencontre lors d’un “transit prolonge” : “si c’est la premiere fois que vous venez au Nepal, vous verrez… au Nepal, on n’y va pas, on y revient !”

Rien d’imperatif dans cette formule… Rien de premonitoire… Juste la remarque avisee d’un globe-trotteur averti !

C’est la sixieme annee que nous usons nos pantalons sur les banquettes inconfortables des sieges des aeroports de Doha et Abu d’Habi… escales privilegiees pour les longs courriers en direction de Kathmandou et de Delhi…

Quiet room et duty free n’ont plus aucun secret pour nous : l’aeroport de Doha est notre “terrain de jeu”… un “terrain d’attente” impatiente plutot, ou la fatigue et l’inconfort regnent en maitre, mais ou l’horizon d’un trek annonce fait prendre patience…

Les heures mal foutues des “correspondances” s’y ecoulent toujours lentement et dans le froid d’une climatisation mal reglee, mais nous en venons toujours a bout, calmes et passifs comme jamais.

Oct 29, 2009

Nepal 2009 - Sur l'inconfort

“Etrange pratique que le trek”, nous rappelle sans cesse notre entourage, a l’ecoute de nos recits de voyages. Si ces derniers relatent a l’evidence la splendeur des paysages himalayens, nous nous etendons facilement sur les details qui font l’aventure, a savoir les petits soucis quotidiens auxquels nous sommes confrontes.

Celui qui m’indispose personnellement le plus est l’inconfort du aux conditions d’hygiene. C’est a ce titre que la description de celles-ci ne manquent pas dans mes recits, alors que Guillaume, lui, s’en trouve largement moins incommode.

Une autre source d’inconfort a trait a l’hebergement : toujours rustique et etroit, il necessite une bonne organisation des sacs pour s’y mouvoir facilement. Les lodges restent cependant un must par rapport au camping, auquel on ne cede qu’en cas de pure necessite, tant rester a quatre pattes pendant 15 jours dans une tente froide qu’il faut monter a la fin de chaque journee de marche, ajoute a la debauche d’energie que nous tentons au contraire vainement de limiter.

Le froid fait incontestablement partie de l’inconfort du trek, celui-ci etant plus vif dans certaines regions. Il necessite une bonne “preparation de sac” avant de partir, et surtout une quete sceptique des informations meteorologiques glanees sur le web. Les agences nepalaises ont en effet une notion toute relative des temperatures, ce qui nous valu lors d’un trek des previsions minimales a +5 degres contre -20 degres en realite ! Le froid necessite aussi un peu d’experience, le trekkeur sachant qu’il vaut mieux ne pas se laisser refroidir plutot que de penser qu’il va pouvoir se rechauffer par la suite. Il sait egalement qu’une douche prise après le coucher du soleil equivaut a des heures de tentatives de rechauffement infructueuses, si ce n’est a l’aide d’une bonne soupe chaude ou d’un poele a bois. Les sacs de couchage et autres vetements chauds doivent etre choisis en fonction de la destination, meme au sein d’un meme pays, chacune d’entre elles pouvant offrir des conditions tres differentes. Enfin, il faut savoir que le fond de l’air est toujours frais au Nepal, malgre un soleil souvent present, ce qui donne des differences de temperature impressionnantes entre les zones exposees au soleil ou non. Sur les hauts sommets, aucune astuce n’est de mise, autre que celle de s’emmitouffler et de prevoir autant de materiel pour le froid (polaires-duvets) que pour le vent (gore-tex).

Quand on parle d’inconfort, on ne peut pas ne pas citer l’altitude elevee, qui tend a faire ressentir le froid plus vivement, et qui essouffle plus que de raison. L’altitude impose une discipline au trekkeur qui, s’il ne la respecte pas, se voit severement sanctionne : 500m de denivelees par jour maximum au-dessus de 3000m, marcher lentement, ne pas manger gras (au-dessus de 3500m, le corps ne digere pas correctement la graisse), boire beaucoup – du the et de la soupe a l’ail pour bien faire –, ne pas boire d’alcool, et preferer la nourriture energetique pour les longues journees de marche en altitude, qui valent le double a altitude zero !
L’altitude necessite une vigilance de tous les instants de la part du trekkeur : il doit preter attention a l’apparition de symptomes, qui pourraient non seulement avoir raison de son trek, mais egalement avoir raison de lui.

Les moyens de transport pour se rendre en trek sont egalement particulierement inconfortables. Souvent secoues et serres comme des sardines, seul l’horizon du trek permet aux trekkeurs d’oublier les conditions du voyage, qui peut meme s’averer catastrophique s’il est cumule avec des problemes intestinaux (ce qui n’est pas rare)… Ceci dit, le voyage s’avere finalement bien souvent plus “insecure”qu’inconfortable.

Ces differents points ne seraient rien s’ils ne s’additionnaient pas !!! Pourquoi alors, faire du trek un objectif de vacances ? Certainement parce qu’au-dela de l’ascension, la confrontation de nos petites natures a ce qu’il en est de la vie departie du confort offert par la civilisation occidentale, permet un retour a l’essentiel auquel notre culture ne donne pas acces. Nos vies reglees par le travail nous rendent aveugles a notre condition humaine, ce a quoi l’aventure himalayenne rend vie pour quelques semaines, epure d’un quotidien qui fait toc.

Loin de la pseudo-liberte recherchée par les groupes hippies, ce retour sur soi se veut realiste et pleinement conscient : il ne s’agit pas de trouver une terre ideale ailleurs, mais bien de malmener nos certitudes d’occidentaux esclaves de leur confort post-moderniste. Persuades que la vie quotidienne reste routiniere dans l’himalaya comme en Belgique, nous ne faisons pas de cette quete un ideal ni un credo, mais un temps necessaire dans une annee consacree a d’autres quetes. Ainsi, si dans la gouvernance d’un pays, l’opposition permet a la majorite de dialetiser les decisions, le trek agit tel un contre-pouvoir face au pouvoir en place : il le force a s’assouplir, a argumenter, a negocier, a ne pas prendre ce qui emane de lui comme seule et unique maniere de faire.

Pour conclure, je dirai que nous avons souvent honte de notre difficulte face a cet inconfort, alors que les nepalais s’en plaignent si rarement. Ils n’estiment pas leurs conditions de vie malheureuses et ils ne “survivent” pas : ils vivent a travers le lien social et les religions, dont leur culture est particulierement impregnee.

Et s’ils ont fait des chemins de trek leur plus grande source de revenus, c’est bien parce que c’est le sens de l’accueil qui fait vivre ces peuples si attachants. Pour le sens du confort, ils verront plus tard…

Oct 20, 2009

Népal 2009 - Une courte nuit au camp de base [Branchen Karkha, 4275m. to Naya Kanga Base Camp, 5000m.]

Le relief de cette étape est plutôt difficile : annoncé très raide, il va falloir monter doucement pour ne pas mettre « mon corps malade » trop à l’épreuve avant les nuits froides qui nous attendent, et surtout, avant l’ascension du Naya Kanga. On n’ose d’ailleurs pas trop y penser, tant l’objectif semble inaccessible pour l’heure.

L’étape se révèle en effet très raide, et nous mène rapidement dans la neige, qui a envahit tous les paysages de plus de 4800m. Le chemin jusqu’au camp de base est en fait un éboulis géant de rochers couverts de neige par endroits. C’est très casse-gueule et les porteurs doivent faire attention avec leurs charges.

Le staff installe ensuite notre campement, sous la supervision de Guillaume, qui a étudié minutieusement les problèmes d’humidité intra-tente : ceux-ci étant dus au tapis de sol non-étanche, il a exigé que Chirring trouve une solution à Kiangin pour assurer l’étanchéité. En théorie, ça devrait bien se passer. Et il vaut mieux, vu le froid qu’il règne au camp de base ! On n’ose pas trop penser au froid qu’il doit faire en haut du Naya Kanga…

Nous décidons de vivre minute après minute, sans trop anticiper, histoire de ne pas renoncer tout de suite à l’ascension. Coucher à 18h00 car demain, on se lève tôt ! Départ prévu à 2h30, dans le froid de la nuit, baudrier enfilé et crampons dans le sac.

Oct 19, 2009

Népal 2009 - Une vraie junkie ! [Kiangin Gompa, 3870m. to Branchen Karkha, 4275m.]

Nous pensions avoir une journée de repos aujourd’hui. Cela tombait assez bien vu ma crève… sauf que Chirring propose que l’on parte aujourd’hui à Branchen Karkha. On ne comprend pas très bien. Devant nos réticences à marcher aujourd’hui, il nous explique sa motivation : un groupe de deux espagnols va grimper le Naya Kanga dans deux jours avec un climbing guide que Chirring connaît. Il aimerait bien que l’on grimpe le même jour afin de profiter de leur guide : il pourra de cette façon, partager le matériel avec lui... et n’aura pas à porter les 80 kgs de corde tout seul.

L’explication nous semblant valable, on concède à partir dans l’après-midi, après une sieste et une séance « médicaments » : je suis complètement shootée aux médocs, histoire de tenir le coup. Entre le diamox, le potassium pour compenser les effets négatifs du diamox, l’actifed, les antibiotiques, le lisomucil, et quelques strepsils… il ne manque plus que le stilnoct pris à l’occasion pour lutter contre les insomnies passagères dues à l’altitude.

Pour l’heure, nous sommes à Branchen Karkha, emmitouflés dans nos duvets, dans l’attente du repas du soir.

Demain, nous montons au camp de base du Naya Kanga. Demain est un autre jour.

Oct 18, 2009

Népal 2009 - Le pied total ! [High Camp, 5000m. to Yala Peak summit, 5700m. to Kiangin Gompa, 3870m.]

Levés à 4h00, nous démarrons l’ascension à 5h, après un rice pudding et une tasse de black tea. Veste en duvet, gants, collants, pantalon de montagne, chaufferettes au cas où et quelques mars, complètent l’équipement d’alpinisme (casque, crampons, baudrier, mousquetons, piolet) qui pèse lourd dans nos sacs.

Nous prenons à travers les pierres mélangées à la neige et grimpons jusqu’à la barre rocheuse. Je me demande déjà comment on va faire pour redescendre ! Une fois la barre rocheuse atteinte, nous nous encordons et enfilons nos casques pour un bref passage d’escalade. A ce moment précis, nous savons pourquoi nous avons fait le voyage : c'est le pied total !

Jusqu’ici, j’arrive à suivre, même si le guide a tendance à nous faire marcher vite ! Nous poursuivons notre marche sur la neige croûtée, dans laquelle nous tendons à nous enfoncer subitement par moments. On avance vite et le sommet ne nous paraît pas si loin. C’est à ce moment que nous décidons d’emprunter une voie inhabituelle et un peu plus technique : le chemin semble tout tracé vers le sommet, et ce ne serait guère glorieux d’arriver par là. Nous voilà donc en train d’enfiler nos crampons. Nous prenons tout droit sur un promontoire enneigé à 45°. Nous sommes vite en haut, mais celui-ci nous a mené à une arête qu’il « suffit » de traverser pour arriver au sommet. Euh… c’est gazeux ! L’arête est composée de pierres peu fiables, de neige glacée et de poudreuse. Un pied sur une pierre qui ne tient pas ou dans la poudreuse et on est en bas ! Mieux vaut ne pas regarder plus bas, d’ailleurs…

On a le sommet en vue en permanence, mais ce qui nous en sépare demande un peu d’adresse et beaucoup de prudence. Certains pas me semblent trop grands, trop hauts, mais je n’ai pas le choix : il faut que ça passe !

Et c’est passé ! Nous sommes au sommet, et contents d’y être !

Chirring a apporté des drapeaux de prières, qu’il nous fait accrocher au sommet. Youhou ! A ce moment même, le froid, ma gorge douloureuse et les peurs liées au vide, sont loin, loin derrière ! L’effort demandé à notre corps ne s’arrêtera pas là, au sommet, mais il est en suspend, le temps de savourer le fruit de plusieurs jours de trek.

Nous devons malgré tout nous résoudre à descendre. Nous empruntons la voie normale mais cela nécessite tout de même de « désescalader » des grosses marches. Pas évident quand on est encordés, de ne pas s’emmêler dans la corde ! Une partie de neige nous attend ensuite, et nous retrouvons la barre rocheuse qu’il a fallu escalader. Il faut cette fois la descendre, en tentant de n’assommer personne avec ces pierres friables qui se décrochent au moindre pas. Guillaume a bien essayé de se débarrasser de moi, mais heureusement, j’avais un casque ! Boing ! Drôle d’effet !

Nous retrouvons notre campement un peu entamés et en recherche d’un lunch. Mais la seule chose que peut nous proposer le cook est du rice pudding…. De toute façon, je crois que j’avalerais n’importe quoi !
On doit ensuite lever le camp pour redescendre à Kiangin : au total, nous aurons du nous taper 1700m. de dénivelées négatives ! Génial pour les genoux et les cuisses ! Nous arrivons cuits à Kiangin, et nous nous empressons de prendre une douche…. tiède ! J’ai la crève. Les deux nuits en tente m’ont vraiment entamée. Je ne sais pas comment nous allons pouvoir gérer ça sans compromettre la suite de notre trek. Nous verrons. Pour l’heure, une seule idée est présente dans nos têtes à tous les deux : dormir ! On veut dormir ! Ce que nous ne mettons que très peu de temps à faire dans notre petite chambre de Kiangin…

Oct 17, 2009

Népal 2009 - Yala froid ! [Yala Kharka, 4500m. to Yala High Camp, 5000m. via Tsergo Ri, 4900m.]

C’est officiel : j’ai pris un coup de froid. Nous pensions que cette nuit, le muret des karkhas allait bloquer le vent et compenser le trou béant de la porte de tente… mais non. Dans nos duvets hyper chauds, on a eu froid ! Et comme j’étais en plein dans l’axe du vent, j’ai mal à la gorge. On l’a un peu mauvaise parce que depuis le début du trek, on fait attention à tous les détails pour ne pas revivre ce qu’on a vécu l’année passée… et voilà que le matériel mis à disposition par l’agence est défectueux ! Cela me vaut une montée difficile vers le Tsergo Ri, d’où l’on a une magnifique vue à 360° sur les chaînes de montagne du coin. J’ai des bouffées de chaleur comme si j’avais de la fièvre. Quelques médicaments plus tard et une descente réalisée, je me sens mieux, même si le mal de gorge persiste.

Nous commençons à monter le raide et pierreux chemin qui mène au high camp du Yala Peak quand Chirring, qui s’inquiète depuis tout un temps de ne pas apercevoir nos porteurs, censés transhumer du Camp de Base I au Camp de Base II pendant notre ascension du Tsergo Ri, décide de descendre voir au campement d’un autre groupe de trekkeurs pour s’assurer qu’ils n’ont pas pris cet emplacement comme étant le High Camp du Yala.

Nous poursuivons notre ascension sans guide et l’attendons près de l’endroit qu’il nous a décrit. Il revient exténué, portant notre tente, une bouilloire et deux tasses : tout était prêt pour nous de l’autre côté… les porteurs se sont trompés d’endroit !

Chirring se plaint de cette bande de bras cassés qui constituent notre staff, mais surtout du cuisto, dont il dit qu’il est un peu le chef des porteurs et qu’il impose sa vision des choses, qui est bien souvent erronée.

Nous buvons du hot lemon et découvrons un peu plus loin le High Camp enneigé. C’est un endroit splendide, mais bien exposé au vent !

Le montage de la tente se fait difficilement, un arceau semblant avoir été rapporté au kit initial. Nous nous y installons et profitons de la chaleur que procure une tente chauffée par le soleil. C’est formidable ! … et très loin de ce que nous aurons à supporter cette nuit, puisqu’il s’avère que nous sommes congelés… En ce qui me concerne, même mon duvet à -40° ne suffit pas… Nous avons enfilé tous les vêtements que nous avions à notre disposition…. Tant qu’il nous est impossible de fermer le sac ! On est de véritables bibendums frigorifiés ! Nous comprendrons le lendemain la raison de notre malheur : les « matelas » de l’agence ont pris l’eau… la tente n’est pas étanche ! Et vu les glaçons qui sont dans notre gourde, les températures de cette nuit n’étaient pas de nature à dormir sur des matelas humides ! Mon mal de gorge s’est amplifié et on craint pour la suite… mais pour l’heure, nous restons concentrés sur l’ascension du Yala Peak.